Alexandre DAOUST, Bioul, 1886 - Champion, 1947.
Dessinateur - Illustrateur - Peintre - Sculpteur – Professeur
DAOUST (Alexandre Joseph Ghislain), sculpteur et dessinateur, né à Bioul le 5 juin 1886, décédé à Champion le 7 janvier 1947.
Son père, Gédéon-Joseph Daoust (+1925) était un artisan menuisier. Pour parfaire sa formation, il suivit des cours à Charleroi qui lui permirent de devenir entrepreneur de menuiserie. Quant à sa mère, née Ferdinande-Joseph Burton (+1934), elle s'adonnait à la couture.
C'est à Dinant, au collège Bellevue, qu'Alexandre Daoust fit ses études secondaires. Il enseigna par la suite les mathématiques à l'abbaye de Maredsous, bien que ne disposant pas du diplôme requis. Rien ne laissait donc présumer d'une carrière artistique, si ce n'était la rencontre qu'il fit avec le père abbé Dom Pascal, professeur de modelage à l'Ecole des arts décoratifs de l'abbaye. Cela devait décider de la suite de sa carrière Notre jeune mathématicien, qui dessinait avec goût et facilité, s'essaya au modelage et sentit naître en lui le besoin de s'exprimer par les ressources de la plastique.
Il s'inscrivit comme élève au cours de sculpture. Ses progrès furent très rapides puisque, ses classes non encore accomplies, on lui commanda une série de six statues pour l'église de Tyburn (Angleterre), célébrant ses martyrs.
En 1920, il réussit, au jury central, l'examen qui lui permit d'enseigner dans les établissements d'instruction moyenne de l'Etat.
C'est à cette époque que l'Athénée royal de Dinant l'accueillit pour enseigner le dessin. Deux ans plus tard, il participa à la fondation de l'Ecole professionnelle et industrielle ainsi qu'à celle de l'université populaire de Dinant. Il y rénova l'art de la dinanderie. Par la suite, il devait encore être appelé à professer le dessin à l'institut "Pro Juventute" à Burnot.
Le 22 avril 1924, il épousa la fille d'un industriel dinantais, Emma Bila, dont il eut trois enfants: Jean (1926-1984), André (1929-1973) et Geneviève (1935).
En 1927 fut érigé, au cimetière de la citadelle de Dinant, le monument l'Assaut pour commémorer la résistance des dernières troupes françaises sur notre sol en 1914. Ce monument fera connaître l'artiste au public.
Dans le domaine sculptural, Alexandre Daoust créa divers monuments commémoratifs, mais aussi des statues, statuettes, et bas-reliefs (bois, bronze, pierre, cuivre) au sujet religieux ou profane.
Quelques œuvres: L’Assaut à Dinant, 1927; Buste du Roi Albert à Bioul, 1934; Mort de l'Esclave à l'école moyenne de Beauraing, 1946; L'Enfant prodigue (dinanderie) vers 1916; Chemins de croix des églises de Rienne, Porcheresse, Thynes, Léglise, Godinne, 1933; Frère Mutien-marie à Ciney et Carlsbourg, 1938-1939; Crucifixion, 1940; série de statues de saints: Saint François, Saint Mathieu, Saint Joseph, Saint-Jean-Baptiste de la Salle (dans la Collégiale Notre-Dame de Dinant), entre autres, pour l'église de Zwartberg; Le paysan riant, avant 1924; Don Quichotte, 1928; Le Batteur de cuivre, 1938; Pan et l'amour, 1939; La Libération, 1945.
Alexandre Daoust aimait son art. Dessiner était pour lui naturel. Etait-il à un spectacle, son programme s'illustrait de la tête des acteurs. Il pouvait, après beaucoup d'années, reproduire de mémoire des sujets imposés. Ses fusains, fusains rehaussés, pastels, dessins à la mine de plomb ou à l'encre de chine, reprenaient les thèmes de sa sculpture: thèmes officiels, religieux, mais surtout des thèmes de la vie quotidienne.
Quelques œuvres: Christ en croix, Roi chevalier alpiniste, fresque des professeurs de l'Athénée Royal de Dinant, Aveugle et son chien, Joueurs de cartes, Porteur de lait, le Sulfateur, Le Crieur public, Les paysans bavardants, Les Amoureux.
Il s'adonna à l'illustration de livres, notamment d'ouvrages en dialecte wallon: E.Gillain, Au culot do feu, Contes wallons, Gembloux, 1929; J.Baujot, La Vallée de la Meuse de Namur à Givet, Sites et histoires, Namur, 1930; E.Gillain, Sov'nances d'on vî gamin, Gembloux, 1932.
Il toucha également à l'art du médailleur en réalisant quelques médailles: Soldat à l'assaut de Dinant, 1927; Centenaire de l'érection de la commune de Kessel-Loo, 1930; Centenaire de l'indépendance de la Belgique, 1930.
Il s'est toujours appliqué, en toute conscience, à inculquer à ses élèves une solide technique et un sens artistique sain et rigide. Que de peintres, André Fécherolle et Mme Burniaux, par exemple, lui doivent le meilleur de leur art.
Grand laborieux, il affronta de face deux carrières: celle de professeur et celle d'artiste.
En 1946, il atteignit l'âge de la retraite mais espérait continuer sa carrière artistique. Malheureusement, le sort en décida autrement puisque au début 1947, il fut tué accidentellement à un arrêt de tram à Champion.
Ses œuvres, sans évoquer les monuments de Beauraing, Bioul, Dinant, Houffalize, Vonêche, etc. sont conservées dans différentes églises (Anseremme, Dinant, Virton) ou musées (Musée de la vie walonne à Liège, etc.); d'autres sont restées la propriété de l'artiste ou furent acquises par des particuliers.
Le 3 février 1947, la ville de Dinant décida, pour honorer l'artiste, de baptiser l'une de ses rues "rue Alexandre Daoust" et organisa, en 1969, une exposition de ses oeuvres dans le grand hall de l'hôtel de ville. L’association Espère en Mieulx lui consacra une rétrospective dans les locaux de la Maison de la Culture (aujourd’hui Centre Culturel Régional de Dinant) en 1998.
Une rue de Bioul, village natal de l'artiste, porte également son nom.
Jacques Toussaint, Biographie Nationale,
col.365-368
Bibliographie :
Coleau Michel, Alex Daoust, Une signature, un parcours, édité par l'asbl Espère en Mieulx en coproduction avec la Maison de la Culture de l'Arrondissement de Dinant, Dinant, 1998, 31 pp.