Ville de Dinant
LION PIERRE-JOSEPH  

Pierre-Joseph LION Dinant, le 7 mai 1729 - 1 septembre 1809

Autoportrait, 1779.


 
Pierre-Joseph Lion, peintre d’histoire, de paysage et de portrait, naquit à Dinant, dans la paroisse de Notre-Dame, le 7 mai 1729 ; il était fils du notaire Henri-Ghislain Lion, et d’Adélaïde Golinvaux, son épouse,
 
Chez les Lion, on devenait notaire, pour ainsi dire, de père en fils ; le grand-père du peintre, son père, l’un des ses frères s’étaient succédés comme notaires.
 
De bonne heure, il manifesta un goût très vif pour le dessin et, quoique jeune encore, avec l’assentiment de ses parents, il se rendit à Liége, pour y apprendre le dessin, ou, du moins, pour s’y perfectionner. Il manifesta vite d’heureuses dispositions .
 
Quand il s’estima suffisamment habile dans cet art il gagna Paris, où il eut la bonne fortune de se faire agréer comme élève par Vien-le-Vieux, peintre très en renom à cette époque. Le temps qu’il passa dans cet atelier ne nous est pas connu ; mais il dut être en tout cas de longue durée. Car c’est là que notre jeune artiste se forma, prît sa manière toute française d’ailleurs, tant au regard de la peinture à l’huile que du procédé au pastel dans lequel il excella. Il eut, en effet, à Paris, l’occasion souvent renouvelée d’admirer, d’étudier et de s’assimiler le procédé et les formules des grands pastellistes français et les heureux effets que Ion pouvait en retirer.
 
Ayant quitté Paris, Lion se rend à Anvers pour s’orienter, prendre contact et se perfectionner, dans son art, par l’étude des grands maîtres flamands.
 
Après un temps assez court, il quitte le continent et gagne Londres, peut-être pour se rendre compte et s’inspirer des oeuvres des grands portraitistes anglais, mais aussi et surtout pour s’y livrer lui-même à l’art du portrait peint, dont les fils d’Albion sont de si fins et de si fervents appréciateurs. Lion, en effet, était conscient de ses moyens, ne redoutait pas la critique et escomptait le succès, sinon la renommée. Il fut très prisé à Londres et n’eut pas de peine à y acquérir de la clientèle parmi les gens appartenant au haut commerce et à la grande bourgeoisie. voire même à la noblesse.
 
Après un séjour assez prolongé en Angleterre, il revint à Paris, y travailla quelque temps, visita de nouveau la Belgique où, en 1756, il eut l’occasion d’exécuter à Liége le portrait du prieur des Croisiers de cette ville, Jacques Hensquin ; cette toile appartient à la famille Van Zuylen. C’est un des bons portraits du peintre.
 
Puis il se rend à Vienne où, grâce à certaines références et relations plus ou moins suivies avec un personnage de la Cour d’Autriche, il espère se mettre en évidence et attirer sur lui les faveurs impériales. C’est d’ailleurs ce qui ne tarde pas de se réaliser.
 
Lion devient le peintre particulier de Marie- Thérèse et de Joseph II. Comme peintre de la Cour impériale, Lion exécute divers portraits de la souveraine et de son auguste époux, tantôt en pied et de grandeur naturelle, tantôt en buste, les uns à la peinture à l’huile sur toile, les autres au crayon de pastel. Il fait même de Joseph II un suberbe portrait équestre, qui provoque l’admiration de tout l’entourage de l’empereur. Le résultat de ces labeurs et de ces manifestations talentueuses fut ce qu’il devait être : une renommée très prompte pour ce jeune artiste étranger, si français, et un enthousiasme considérable et général de la part des grands du royaume, des seigneurs et courtisans de l’entourage de l’empereur et de son illustre épouse. Les Kynski, les Poniatowski et nombre d’autres passent devant le chevalet du jeune maître pour s’y faire portraiturer.
 
 
Peintre habile et probe, Lion excellait surtout dans le pastel où il atteignait, par la délicatesse de la touche, par l’expression des physionomies, par la beauté des visages ; par la netteté des lignes des figures, la richesse et le fondu des tons, la virtuosité des grands pastellistes français du XVIIIe siècle.
 
Il n’égalait point certes Maurice Quentin La Tour ; mais il s’en rapprochait par certains côtés ; il ne pouvait point affirmer comme lui : « ils croient que je ne saisis que les traits de leurs visages : mais je descends au fond d’eux-mêmes, à leur insu, et je les remporte tout entiers » ; mais Lion pouvait se reconnaître le mérite de rendre leur physionomie propre et bien spéciale, tout en leur accordant, grâce à la souplesse de son pinceau et à la légèreté de son crayon, une certaine accentuation de beauté, de grâce ou d’intelligence, que leur visage lui laissait apparaître selon la diversité de ses clients. Il créa, pour les appartements particuliers de Marie- Thérèse, une suite de paysages au procédé du pastel, qui lui furent payés plus de 4.000 florins, ce qui démontrait à tous que le talent du peintre pouvait s’étendre à tous les genres. Il exécuta à Vienne nombre d’autres oeuvres picturales, d’histoire, de paysage, et de portraits. Nous aurons l’occasion ci-après d’en citer un grand nombre, sans vouloir cependant ainsi les délimiter.
 
Lion séjourna à Vienne au moins une dizaine d’années et il y retourna sûrement ensuite, Revenu dans son pays, Lion s’établit à Bruxelles d’où il rayonna un peu partout selon les appels qui lui étaient faits, C’est ainsi qu’en 1777 on constate sa présence au château de Sorinnes appartenant à la famille des Villenfagne, où il exécute trois portraits ; puis au château de Bassine, sur l’Ourthe, appartenant au comte de Steen de Jehay. où il oeuvre un portrait remarquable au pastel, celui du comte Maximilien-Jean-François de Horion, chancelier de JeanThéodore de Bavière.
 
A une époque non encore élucidée, mais qui doit être proche de l’avènement de la Révolution française et des troubles politiques et sociaux qui l’ont précédée et accompagnée, Pierre-joseph Lion, devenu âgé, vit tout-à-coup la fortune qu’il avait si laborieusement acquise, sombrer, Cela lui causa naturellement beaucoup d’amertume et de soucis, sans toutefois le décourager, car il continua de travailler. Mais la prudence et le sentiment de la sécurité lui conseillèrent de revenir dans sa ville natale, à Dinant, au milieu des siens.
 
C’est ce qu’il fit vers l’année 1790. Ici encore, Lion continua de s’occuper de Son art et eut successivement comme élèves Paul Godefroid. Noël de Waulsort et Henri-Augustin Michel de Dinant. qui, à des degrés divers, devinrent des artistes-peintres de mérite, mais qui moururent jeunes. Lion, chargé d’ans, mourut en 1809, le premier septembre, en la paroisse de Notre-Dame.

Pour un complément d'information : http://www.genedinant.be/site/article.php3?id_article=23

Bibliographie :

Maïté Pacco, Pierre-Joseph Lion, peintre, 1729-1809, Bulletin des Musées royaux des Beau-Arts de Belgique, 1985-1988/1-3, Bruxelles, pp. 219 à 234.