Ville de Dinant
La compagnie des arbalétriers de Dinant  

Historique


Les origines qui entourent cette compagnie libre de bourgeois sont incertaines. Il est cependant attesté qu’elle existait en 1308. Aurait-elle été créée à cette date?  Après la défaite des troupes liégeoises à Othée en 1408, les Dinantais qui avaient pris part au conflit furent contraints de remettre au duc de bourgogne de nombreuses chartes de franchises et anciens privilèges. Parmi ces chartes figuraient plusieurs actes datés de 1308 (aujourd’hui perdus) relatifs aux arbalétriers de Dinant.

En 1449, la compagnie obtenu de la ville l’octroi du fossé derrière Saint-Menge afin d’en disposer en toute propriété. L’année suivante, elle fut présente à une grande fête militaire à Dinant aux côtés des archers et des arbalétriers liégeois.


Lorsque le prince évêque Louis de Bourbon visita Dinant, une commission spéciale fut chargée de rédiger les statuts des arbalétriers dinantais afin de rendre son existence officielle. Elle comprenait 50 membres qui devaient s’acquitter d’un droit d’entrée. Mais n’était pas membre qui le souhaitait, en effet, il fallait être admis à la bourgeoisie sous l’égide du bourgmestre et des tiers de la ville et avoir offert le vin comme l’exigeait la coutume.

La compagnie comprenait en son sein un mayeur assisté de 6 confrères et de quelques dizainiers. Les membres percevaient un gage annuel de 3 francs à la condition d’avoir assisté aux 9 tirs annuels qui se tenaient en 3 lieux de la ville. Les arbalétriers devaient avoir leur propre arbalète toutefois, la ville fournissait les carreaux et mettait un ouvrier à disposition de la compagnie pour réparer les armes. Privilège important : les arbalétriers étaient exempts de tout impôt, du péage du pont et des rôles de guet. Par contre, étant soumis à la surveillance des autorités, ils assuraient le service d’ost pour la ville ainsi que les escortes lors de processions.


En 1458, ils participèrent à un concours de tir à Malines. La ville paya leurs frais de voyage, soit la somme considérable de 568 florins du Rhin.
Afin d’aider les arbalétriers, la ville leur concéda divers revenus dont le droit de chaussage des portes de Saint-Jacques et Saint-André (1501). Mais une discorde survint entre la compagnie et la ville lorsque cette dernière supprima ces droits en 1590. Les arbalétriers firent appel auprès de l’évêque et la ville fut obligée de verser une allocation annuelle de 60 florins en leur faveur.


A partir de 1625, les arbalétriers échangèrent leur terrain d’entrainement contre un autre situé au lieu-dit Le Saulnier, à peu de distance au sud, contre le mur d’enceinte de Saint-Menge. Cet endroit correspond aujourd’hui au parking situé derrière la rue Edouard Dupont.
A proximité, les arbalétriers disposaient d’un local richement décoré remontant au XVIIe siècle et connu sous le nom de « Halle des arbalétriers » et qui malheureusement fut démoli au début des années 70.


Le 23 mai 1668, la compagnie rédigea de nouveaux statuts qui furent approuvés le prince évêque le 5 mai 1669. Ils stipulaient que le nombre de membres ne pouvait excéder 40, qu’ils devaient avoir été présentés aux bourgmestres et être dinantais. Leur droit d’entrée s’élevait à 10 patacons et celui de sortie à 4 florins. Le Papegay (tir à l’oiseau) avait lieu à la Pentecôte et était assorti de nombreux prix. Celui qui abattait par trois fois l’oiseau était exempt de toute imposition à vie.

 

 

                              Tir au Papegay


La compagnie donnait un diner obligatoire à la Pentecôte et avait le privilège de porter la châsse de Saint-Perpète lors des processions.
Comme de coutume à Dinant, une autre discorde éclata en 1748 mettant aux prises les arquebusiers et les arbalétriers pour une question de préséance lors de processions. Malgré l’intervention du conseil de la ville, la querelle s’envenima et dura 14 ans. Finalement, afin de débloquer la situation, le prince évêque trancha en faveur des arbalétriers en précisant que : « cette compagnie étant la plus ancienne, soit réputée et considérée la première en rang lorsqu’elles devront paraître ou marcher l’une avec l’autre ».
La compagnie existait encore en 1789 puisqu’elle contracta un emprunt de 400 florins pour subvenir à diverses dépenses dont l’achat d’un billard … pour attirer la bonne société !



 

  

 

http://www.compagnie-des-arbaletriers-notre-dame-dinant.be/index.html

 


Sources : Archives départementales de Lille. Cartulaires de la commune de Dinant, 8 vol. E. Gérard, Histoire de la ville de Dinant, 1988.