Ville de Dinant
L'ARCHEOLOGIE A DINANT  

Les Sociétés savantes

Dinant attire dès la seconde moitié du XIXe siècle touristes et villégiateurs. Et avec eux, une série d’amateurs éclairés, férus d’art, d’histoire et d’archéologie, qui étudient, analysent, récoltent toute information relative à l’histoire de la ville et de ses environs. Les sociétés savantes, et principalement la Société archéologique de Namur, catalysent ces intérêts. C’est à elle que, dès 1849, sont rapportées les découvertes archéologiques qui émaillent la cité. Elle publie dans ses Annales les articles et travaux ébauchant en traits vigoureux les grandes lignes d’une histoire dinantaise. La recherche est très orientée : on est friand de Préhistoire ; on espère trouver l’empreinte de l’Empire romain et celle de la christianisation ; le Moyen Age n’est pas complètement oublié : on s’attache aux monnaies et aux monuments illustres. On est hardi : la découverte de trois andouillers de cerfs illustrent l’origine de l’occupation humaine ; six tombes romaines suffisent à modéliser la topographie urbaine. On récolte des objets, mis au jour fortuitement lors de travaux de constructions (comme ceux du palais de justice vers 1875, ou ceux de l’angle des rues Grande et Saint-Martin en 1922), qui viennent gonfler les magnifiques collections du Musée archéologique de Namur. 

Cette activité se manifeste sous forme de plusieurs pics localisés entre 1850 et 1915. Cette séquence est suivie d’une longue période où l’activité se ralentit, sans doute du fait des évènements politiques et de leurs conséquences. 

Universités et institutions d’état

Il faut attendre la seconde moitié du XXe siècle pour voir s’amorcer un tournant décisif.  Les sociétés savantes et leurs membres ne sont plus les seuls acteurs de l’archéologie : les universités, qui forment désormais des professionnels de l’archéologie, entreprennent des chantiers écoles et en 1903 se crée le Service des fouilles de l’Etat, institution dépendante des Musées Royaux d’Art et d’Histoire, dépêchant les archéologues et leurs équipes aux quatre coins de la Belgique. On dessine les structures, on s’attache à la stratigraphie, aux structures négatives.  Parallèlement au Service national des fouilles, le SOS Fouilles (1980), institution financée par la Communauté française, veille au sauvetage des vestiges archéologiques menacés de destruction.  Nous devons à ses équipes un grand nombre d’interventions à Dinant dans les années 80. C’est véritablement le début de l’archéologie préalable aux travaux d’aménagement dans la ville. 

Les interventions menées depuis lors suivent la même orientation préventive et s’inscrivent depuis 1989 dans le cadre de la régionalisation. L’archéologie ressort alors à l’administration wallonne (SPW), épaulée par de nombreuses associations. Rattachés à la Direction générale de l’Aménagement du territoire, la Direction de l’archéologie et les Services de chaque province se sont adaptés à une gestion du sous-sol qui se veut systématique : le Service de l’archéologie planifie les opérations de fouilles à mener par le biais de clauses archéologiques insérées dans les permis d’urbanisme. 

Dans le même temps, l’archéologie se diversifie : l’archéologie du bâti, l’anthropologie physique, la paléobotanique, l’archéomagnétisme par exemple, sont autant de disciplines qui construisent l’histoire de la ville et de ses habitants, à travers leurs traces matérielles. A Dinant, l’habitat, le cadre paroissial et la mise en défense de la ville sont les principales problématiques approchées. Les avancées en terme de méthodes d’enregistrement graphique et stratigraphique et l’appui d’études historiques et documentaires préalables permettent d’entreprendre des fouilles archéologiques préventives dans les délais stricts imposés par les aménagements.  

Dernières découvertes

Ces dernières années certaines interventions se distinguent par les dimensions des zones explorées.  Elles ouvrent désormais de larges fenêtres sur le passé de la ville.

En 2003 et 2006, deux fouilles menées au pied de la rue Saint-Jacques permettent de déterminer la localisation et la chronologie du mur de rempart qui longe la Meuse. Les premiers jalons de la connaissance de l’organisation urbaine de ce quartier périphérique nord y ont également été posés de même que de premiers éléments concernant la dinanderie à Dinant. 

De l’autre côté, le quartier En île au sud, fait l’objet en 2008 d’une vaste fouille archéologique préalable à la construction d’un immeuble et parking souterrain. En dehors des problématiques déjà abordées dans le quartier nord (mise en défense côté Meuse, naissance et développement du tissu parcellaire), ce sont ici les données liées à l’habitat et à l’artisanat urbain qui se sont révélées particulièrement intéressantes.

Fouilles sur le site de la résidence Churchill à Dinant. Photo M. Verbeek.

 

Fouille du cimetière des Capucins. Photo P. Saint-Amand. 

Les questions touchant au centre de la ville et à ses origines ont été posées lors de la fouille de l’emplacement d’une extension de maison de retraite à l’avenue Churchill, tandis qu’une toute première opération archéologique de l’autre côté de la Meuse a rouvert le dossier des institutions religieuses régulières et séculières dans la ville, avec la fouille d’une portion du cimetière attenant au couvent des Capucins. 

Marie Verbeek et Anne-Sophie Landenne

 

Qu’est-ce que l’archéologie préventive ?

On distingue habituellement trois types d’intervention archéologique. La fouille de programme consiste en l’étude d’un site pour sa valeur scientifique intrinsèque. Elle éclaire une problématique donnée, n’a pas de contrainte de temps et a pour objet un site dont le risque de destruction est quasi nul. Il s’agit en général de chantiers-écoles, engagés par une université ou un autre organisme scientifique. 
La fouille préventive étudie un site dont la destruction est prévue par l’octroi d’un permis d’urbanisme. Dans la procédure de la délivrance des  permis, le Service de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne examine les risques de destruction du patrimoine archéologique et remet, le cas échéant, une clause archéologique autorisant la construction, à la condition que soit menée une fouille préalable. Ces fouilles sont soit directement prises en charge par la Région wallonne, soit financées par elle via des organismes tiers (ASBL par exemple). 
Les fouilles de sauvetage sont menées par les mêmes acteurs. Elles sont entreprises lors de la découverte fortuite de vestiges pendant des travaux dont l’incidence sur le sous-sol archéologique avait été jugé peu alarmante. On ne peut présager – loin s’en faut – de l’existence de tous les sites archéologiques, et bon nombre d’entre eux ne nous seront connus que par des découvertes de ce genre. C’est soit le propriétaire du terrain, soit le découvreur, qui prévient le Service de l’Archéologie, qui réalise alors une intervention rapide.

Les objets : de l’utilité du matériel archéologique

L’expression « matériel archéologique » désigne l’ensemble des artefacts exhumés lors de fouilles archéologiques ou en découverte fortuite. Objets en céramique, métal, verre, cuirs et bois ont – en dehors de toute considération esthétique et/ou émotionnelle intrinsèque à tout objet archéologique – un rôle prépondérant à jouer dans la compréhension globale d’un site. Les artefacts subissent de très importants phénomènes de modes, ce qui permet à l’archéologue d’établir des typologies parfois très précises. La céramique, mais aussi le verre et les autres artefacts (n’oublions pas le rôle essentiel des monnaies, dont l’identification autorise une datation parfois très précise) nous permettent donc de situer dans le temps des contextes dont la chronologie relative a été établie par les observations de chantier. 

Peut-on utiliser des détecteurs de métaux en Wallonie ?

L’article 244 du CWATUP mentionne que "L'usage des détecteurs électroniques ou magnétiques en vue de procéder à des sondages archéologiques et à des fouilles est interdit. L’Administration et les titulaires d'une autorisation octroyée conformément à l'article 237 sont seuls autorisés à utiliser des détecteurs électroniques ou magnétiques dans l'espace visé par l'autorisation.
Sur les sites archéologiques, seuls les titulaires visés à l'alinéa 2 pourront être en possession de détecteurs électroniques ou magnétiques.
La publicité concernant les détecteurs électroniques ou magnétiques ne peut faire allusion ni aux sites, ni aux découvertes archéologiques, ni aux trésors".

Ceci ne laisse aucun doute à ce sujet, il est interdit d’utiliser les détecteurs de métaux dans un but archéologique.

Agir ainsi, c'est se comporter comme un pilleur du patrimoine wallon. Revendre les trouvailles est du recel. Ce qui signifie également que tout propriétaire se doit de refuser l’accès à son terrain à tout prospecteur muni d’un tel appareil.

Si vous remarquez la présence d’un prospecteur en activité, signalez-le à l’archéologue de la direction extérieure de Namur (christian.frebutte@spw.wallonie.be) ou au Directeur de l'Archéologie : jean.plumier@spw.wallonie.be