Ville de Dinant
BATAILLE DU 15 AOUT 1914  

 

Au lever de la journée du samedi 15 août, devait se livrer la première bataille pour la possession de la Meuse à Dinant.

Allaient s'y affronter :

côté français : 16 compagnies et 4 sections de mitrailleuses, mais pas un seul canon;

côté allemand : 2 divisions de cavalerie d'avant-garde, la division de la garde et la 5e division, appuyées par 3 bataillons d'infanterie, les 11e, 12e et 13e chasseurs.

Dès la pointe du jour, une section du 148e régiment d'infanterie française (dont le 1er bataillon qui tenait garnison à Givet avait débarqué à Dinant dès le 6 août), établie dans la citadelle, était partie en patrouille sur les hauteurs.

Vers 5 heures, la 12e compagnie du IIIe bataillon du 33e régiment d'infanterie française, reçoit l'ordre de monter au fort. Le capitaine Carton l'y mène. Les obus allemands ne tardent pas à éclater dans la ville.

L'Hospice, où le drapeau de la Croix-Rouge était arboré, reçoit un des premiers obus. La 10e compagnie, commandée par le capitaine Bataille, est envoyée en renfort pour tenter d'éloigner l'artillerie allemande, mais une mitrailleuse ennemie parvient à s'approcher et la défense se replie.

C'est alors que les soldats de la 10e compagnie mettent la baïonnette au canon et s'élancent pour contre-attaquer.

L'ennemi, impressionné par cette etntative, ne poursuit pas aussitôt et les débris des deux compagnies françaises s'échappent par l'escalier du fort et traversent, pour la plupart, le pont. Les deux compagnies ont perdu 50% de leurs effectifs.

Voyant la tournure des événements, le chef de bataillon Bertrand, demande, de toutes parts, l'appui de l'artillerie.

En attendant, les "77" allemands pleuvent aux abords du pont et sur la route de Philippeville, par où doivent arriver les renforts français. Parmi les troupes françaises qui occupent le quartier de la gare et du pont, les pertes sont très lourdes : 2 officiers et 9 hommes de troupe sont tués, 57 sont blessés et 96 sont portés disparus.

Quatre bataillons sont appelés en renfort. Les deux du 73e, arrivent d'Onhaye, sans trop d'encombre. Ceux du 8e, cantonné à Weillen, éprouvent plus de difficultés dans leur marche en avant. Ils sont la cible des mitrailleuses allemandes et perdent plus de 350 soldats.

Bientôt, on constate que le 27e régiment d'artillerie est entré en action. Les "75" ripostent aux obus allemands et ils font taire les mitrailleuses établies sur les crêtes de la citadelle.

A leur tour, les canons allemands cessent le feu et l'ennemi commencent, vers 17 heures, une retraite précipitée, poursuivi par l'artillerie française, qui s'était approchée de la Meuse.

Devant cette situation, les éléments du 73e et du 8e descendent vers la Grand'Place et grimpent audacieusement les 408 marches et les contreforts qui conduisent à la Citadelle. Le drapeau allemand qui flottait depuis midi est remplacé par l'étendard français.

On a su, depuis, que c'est le sergent-major, Bouchez, du 8e régiment d'infanterie, placé sous le commandement du colonel Doyen, qui avait arraché de la hampe, le drapeau allemand.

Tandis que la cavalerie française entamait la poursuite par la rue Saint-Jacques, l'infanterie ramenée sur la rive gauche à la tombée de la nuit, s'établit dans la ville en cantonnement d'alerte.

Pendant la bataille du 15 août, deux dinantais furent tués : le facteur Narcisse Pirson et Léon Moussoux (55 ans), blessé dans l'exercice de sa mission. Porteur du brassard de la Croix-Rouge, il se rendait ce jour-là, vers 13 heures, rue Saint-Jacques, pour y porter secours à des soldats blessés. Il fut touché d'une balle dans la tête, tirée du haut du fort.

L'autorité allemande n'a pas voulu reconnaître son échec de la bataille du 15 août. Son dépit n'en est retombé que plus lourdement sur la ville de Dinant, laquelle, à partir de ce jour, dans l'esprit des officiers et des soldats, était "condamnée".

 

Bibliographie : Voir Guerre 1914-1918.

 

***, 1914-1964. 5e anniversaire des massacres de Dinant. Ce que l'histoire en retiendra, Dinant, Bourdeaux-Capelle, s. d.