Ville de Dinant
SAX ADOLPHE  

 

Adolphe SAX Inventeur du Saxophone
Né à Dinant en 1814

 

Adolphe Sax, Dinantais génial


Avec Joachim Patenier (1485-1524), créateur du paysagisme; avec Antoine Wiertz (1806-1865), le peintre lyrique; avec une pléiade d'artistes sculpteurs, peintres, musiciens, dinandiers et autres, Dinant peut légitimement s'enorgueillir d'avoir vu naître en ses murs, le 6 novembre 1814, Antoine-Joseph dit Adolphe Sax, inventeur fécond et génial dans la facture des instruments de musique.

Une enfance agitée

Antoine-Joseph Sax est né dans la rue qui, depuis 1896, porte son nom, dans une maison modeste, détruite en 1914, qui était construite sur l'emplacement actuel d'un important immeuble commercial.
Sur la façade de celui-ci, un vitrail et une inscription taillée dans la pierre: "Ici naquit Adolphe Sax. 1814-1894". Ce vitrail fut inauguré solennellement le 27 juin 1954, à l’initiative du Syndicat d'Initiative et de Tourisme, sous le mayorat de M. Léon Sasserath. Il est l'oeuvre de M. Jean Jadin qui a dessiné le carton et de Mlle Maggy Arzée. Il a été réalisé sous la direction du professeur M. Van de Capelle.
Fils de Charles-Joseph (1791-1865) et de Marie-Joseph Masson (1813-1861), Antoine-Joseph était l'aîné de onze enfants.

Charles-Joseph Sax

Menuisier-ébéniste, Charles-Joseph Sax, son père, se lance rapidement, et avec succès, dans la fabrication d'instruments de musique. Il exploite, dans la "rue Neuve", un important atelier. Il acquiert une réputation telle qu'en 1815, il installe aussi un atelier à Bruxelles, où l'appelle Guillaume 1er d'Orange qui le nomme facteur de la Cour et lui confie le soin de doter d'instruments convenables les musiques des régiments belges.
Autodidacte donc, Charles-Joseph Sax fabrique des instruments à vent en bois et en cuivre, même des violons et des pianos. Il prend une douzaine de brevets et il perfectionne ses instruments. Il participe avec succès à de nombreuses expositions où il obtient des distinctions flatteuses.
Loin de méconnaître les aspirations de son fils, Charles-Joseph Sax fait de celui-ci son apprenti qui, dès son jeune âge, prend conscience de l'importance de son travail, comme s'il pressentait son destin.
En 1853, après la mort de sept de ses onze enfants, après des ennuis financiers dans son entreprise de Bruxelles, Charles-Joseph rejoindra son fils à Paris. Le maître deviendra l'ouvrier qui sera d'ailleurs chargé de fabriquer des saxophones, jusqu'à sa mort, en 1865.

Une jeunesse productive

Soutenu et aidé par son père, l'adolescent travaille. Il crée, il perfectionne des instruments et il en joue. Il a 16 ans lorsqu'il présente à l'Exposition de l'Industrie, à Bruxelles, des flûtes et des clarinettes en ivoire. A 20 ans, c'est une clarinette entièrement nouvelle, à 24 clés, oeuvre d'imagination et chef-d'oeuvre de travail manuel. Puis, une nouvelle clarinette basse qui provoque l'enthousiasme de Habeneck, chef d'orchestre de l'Opéra de Paris, de passage à Bruxelles, qui qualifie les autres clarinettes d'"instruments barbares".
Mais déjà, cette création provoque la jalousie du soliste de la "Grande Harmonie royale" de Bruxelles, qui refuse de l'utiliser parce que, dit-il, elle vient du "chétif élève Sax". "Jouez donc de votre clarinette, répond Sax et je jouerai de la mienne." Le défi accepté, Sax triomphe devant quatre mille personnes. Il devient soliste. On écrit, pour lui, des oeuvres qui, après son départ, ne furent plus interprétées, tant elles étaient difficiles!
Les débuts de Sax jettent une lumière singulière sur son caractère (désormais, il s'appellera Adolphe): énergie, courage, dynamisme, totale confiance en soi. Il refuse d'aller monter un établissement à Saint-Pétersbourg, rejette une proposition d'installation à Londres. C'est dire que sa réputation dépasse les frontières. Sax prend conscience de toutes ses possibilités et de son talent; il conçoit l'oeuvre qu'il se sent appelé à réaliser; il est plein d'espoir et il croit posséder toutes les chances de réussite; il voit grand, il croit voir juste. Il étouffe dans son petit pays.

L'appel de Paris

Centre attractif de l'Europe, Paris le hante, Paris l'appelle.
1842, c'est l'année du grand tournant dans la vie de Sax qui possède, à ce moment, sa nouvelle invention: le saxophone et sa famille.
Adolphe Sax a presque trente ans, "l'âge où le talent créateur de l'homme s'affirme, où se dessine la personnalité humaine."

Grâce à Berlioz

En juin 1842, Sax rencontre Hector Berlioz dont l'influence est très grande dans les milieux musicaux parisiens, notamment par ses critiques dans "Le Journal des Débats". Les deux hommes ont un entretien de plusieurs heures, au cours duquel Adolphe Sax développe au grand compositeur toutes ses idées et détaille longuement ses inventions et ses projets.
Quelque peu fantasque, très renfermé, Berlioz écoute, muet. A la fin de cette conférence, il confie à Sax: "Demain, vous saurez ce que je pense de vos travaux". Réponse assez ambiguë qui n'est pas sans provoquer le doute peut-être dans l'esprit de Sax.
Le 12 juin 1842, dans "Le Journal des Débats", c'est la grande surprise: sur plusieurs colonnes, Berlioz exprime des éloges sans limites. L'article est reproduit dans la presse française et belge.
Pour Sax, le départ est donné d'une vie féconde et prodigieuse, mais aussi tourmentée. La rançon sera l'envie, la jalousie, l'injustice, la haine et l'adversité avant, bien plus tard, la gloire.
Dès ce moment, l'inventeur-compositeur-interprète est introduit partout dans le monde musical. Il fréquente de nombreux compositeurs qui ont foi en lui. Il est reçu dans les salons. Il donne de nombreuses auditions, devant les plus grands noms, dans son atelier et dans des salles. Le nom de Sax se répand partout.
Le saxophone: "Son principal mérite, selon moi, est dans la beauté variée de son accent, tantôt grave, tantôt calme, tantôt passionné, rêveur ou mélancolique, ou vague comme l'écho affaibli d'un écho, comme les plaintes indistinctes de la brise dans les bois et, mieux encore, comme les vibrations mystérieuses d'une cloche, longtemps après qu'elle a été frappée, aucun autre instrument de musique existant, à moi connu, ne possède cette curieuse sonorité, placée sur la limite du silence." Hector Berlioz

Les défis

Essentiellement, Sax a donné son nom à quatre grandes familles d'instruments: saxhorns, saxotrombas, saxtubas, saxophones. C'est la première fois qu'un facteur s'intéresse non plus à un instrument unique, mais à une famille d'instruments. La famille des saxophones comprend sept instruments allant du sopranino et du soprano, au basse et au contrebasse, en passant par l'alto, le ténor et le baryton. Ces instruments apportent un timbre absolument nouveau et séduisant, dans une forme nouvelle, en cuivre, et non plus en bois. Cette forme trouvée et adoptée par Sax est un cône parabolique. L'instrument se joue avec une anche; il imite les sons d'un instrument grave à archet. C'est là tout le secret technique du saxophone. Ainsi, la connaissance, par Sax, des principes de proportion lui assure une incontestable supériorité sur tous les autres facteurs.

Les déboires

Les années qui suivent vont être pénibles pour l'inventeur qui doit faire face à la lutte poussée à l'extrême, que déclenchent contre lui ses adversaires, ses concurrents, les contrefacteurs, qui s'organisent en société pour le combattre. On débauche son personnel; on empêche les musiciens d'utiliser ses instruments; des articles haineux sont publiés, assortis de caricatures blessantes. On exporte le saxophone après en avoir effacé la marque et on le réintroduit ostensiblement en France, après quelques modifications et nanti de nouveaux sigles. On attaque Sax devant les tribunaux, en nullité de ses brevets.
Toutes ces instances ruinent Sax dont la faillite est prononcée à trois reprises: 1852, 1873, 1877. Et pourtant, avec une centaine d'ouvriers, quelque vingt mille instruments sont sortis des ateliers Sax de 1843 à 1860!

La réforme des Musiques militaires

Un des grands exploits du génial Dinantais, une de ses plus grandes victoires aussi: la réforme des Musiques militaires. En 1845, les Musiques militaires françaises tombent en désuétude. Sur proposition d'Adolphe Sax qui lui offre ses instruments, le général de Rumigny, ministre de la Guerre, nomme une commission d'étude qui décide d'organiser un concours entre le système traditionnel et la formule de Sax.

Inventions et perfectionnements

La liste des inventions et des perfectionnements réalisés par Sax est très longue. Outre les familles déjà citées, il faut mentionner une réforme de notation musicale, des compositions, des méthodes (Sax est devenu professeur pour les musiciens militaires, au conservatoire de Paris dirigé par Auber), un mémoire sur l'influence des instruments à souffle sur les poumons, un projet d'école d'application pour les inventeurs, un plan de réorganisation des orchestres, une remarquable étude sur l'acoustique des salles, des améliorations à la plupart des instruments en cuivre et en bois. Au total: une bonne quarantaine, sans compter pas mal de trouvailles assez extravagantes et même très fantaisistes montrant cependant combien l'esprit inventif de Sax est constamment en éveil.

Le Saxophone

Certes, le saxophone n'est pas adopté d'emblée par les compositeurs de l'époque, malgré les nombreuses appréciations flatteuses et les solides amitiés de Sax dans le monde musical. C'est une longue et lente ascension que l'instrument a connue dans le monde entier.
Mais l'enthousiasme qu'il a suscité chez des auteurs, et non des moindres, a permis une utilisation qui s'est accrue d'année en année. Il a fallu d'ailleurs attendre 1942 -un siècle après l'invention- pour que soit créée officiellement la première classe de saxophone, au Conservatoire de Paris, pour Marcel Mule, fondateur, en 1928, du premier quatuor de saxophones. Bruxelles a suivi, notamment sous l'impulsion du professeur Daneels.
Ce sont d'abord des transcriptions et des arrangements de grands noms du classique qui voient le jour, car bien des compositeurs ne pensaient pas au saxophone ou craignaient même de l'utiliser dans des ensembles.

Le souvenir

Sax ne s'est jamais marié. Il eut cependant une compagne, Louise-Adèle Maor, d'origine espagnole, morte à trente ans, qui lui donna cinq enfants, tous reconnus par leur père. Il semble que son origine était modeste. C'est pourquoi, Sax ne voulait pas qu'elle paraîsse en public...
Le génial Dinantais, auquel on ne pourra jamais assez rendre hommage, est mort à Paris, le 7 février 1894. Son corps repose au cimetière dit "de Montmartre" , dans une tombe-chapelle, aux côtés de six membres de sa famille. Un de ses fils, Adolphe-Edouard, poursuivit les affaires. En 1928, celles-ci furent reprises par la maison Selmer, de Paris. De Sax, Dinantais génial, Dinant peut être fière !
Que les générations à venir s'en souviennent toujours !

De nos jours

En janvier 1994 à l'occasion de la célébration du 100ième anniversaire de la mort d’Adolphe Sax l'Association Internationale Adolphe Sax s'est fait un plaisir de remettre un saxophone ténor au célèbre saxophoniste Bill Clinton, Président des Etats-Unis, lors de sa venue à Bruxelles.
En 1996, un billet de banque à l’effigie d’Adolphe Sax à fait son apparition en Belgique, sa valeur était de 200 BEF (4.96 €), ce billet a disparu de la circulation depuis l'arrivée de l'Euro.